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Paul, se rapprochant et lui prenant la main.

Est-ce vrai ? Dites-le donc, ce mot que j’attends. Ah ! je ne suis pas accoutumé au bonheur, moi ! Et comment voulez-vous que je croie à celui-là, si je ne le vois moi-même tomber de vos lèvres ? Ou plutôt non… ne parlez pas… et pour savoir si vous m’aimez, si les cieux vont s’ouvrir… rien qu’un signe… un regard…

Elle le regarde, et lui répond oui par un signe de tête très lent et très doux. Il lui prend la main et la porte à ses lèvres en pliant le genou.

Madame Kloekher.

Prenez garde ! on peut nous voir !

À part.

Du feu… de la passion…

Paul se relève.
Paul.

Ah ! quel supplice ! Vous ne comprenez donc pas que je vous aime éperdument ! Je voudrais que tout ce qui nous écarte l’un de l’autre disparût ! Qu’est-ce que cela vous coûterait de m’accorder où il vous plaira, quelquefois, pour me faire illusion, pour m’imaginer que nous sommes seuls sur la terre ? Est-ce que cela vous chagrine, dites, de me donner ?…

Madame Kloekher.

On vient ! Retirez-vous !

Paul disparaît à droite.