Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le docteur Colombel.

Que j’aille les voir, peut-être !

Letourneux.

Vous êtes assez riche pour vous passer ce luxe !

Le docteur Colombel.

Et vous donc, le millionnaire, que faites-vous pour eux ?

Letourneux.

Oh ! peu de choses, je les console et les moralise, rien que cela ! et partout, comme maintenant, je fais de la propagande à leur profit, jusqu’auprès de monsieur Macaret.

S’adressant à M. Macaret.

Voyons, vous êtes un de nos grands industriels, et trois ouvriers de plus ne vous importent guère.

Macaret.

Impossible ! je n’ai pas d’ouvrage à leur donner. Vous n’exigerez pas que je me ruine…

Colombel sourit ; Letourneux joint les mains d’un air béat.
Mouvement de Paul indigné.
Bouvignard, avec un petit rire aigrelet.

Hé ! hé ! il a raison. Les discours, les secours et les utopies ne servent à rien. La machine est ainsi réglée. Tant pis pour ceux qu’elle écrase ! résignons-nous ! Il n’y a de sérieux au monde que les choses de l’intelligence, les beaux-arts !

Onésime.

Vous êtes dans le vrai, monsieur Bouvignard.