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Et à moi aussi, le cœur défaille ! Au moment de me jeter dans une existence nouvelle, je ne sais quel trouble m’envahit ; c’est comme le malaise qui nous survient quand on va partir pour les longs voyages ! Allons, lève-toi !


Scène II.

PAUL, DOMINIQUE ; UN BOURGEOIS, vêtu d’une longue redingote, chapeau à bords retroussés, favoris, canne à lanière de cuir, entre tout doucement, et s’assoit à une des tables, observant Paul et Dominique avec des yeux flamboyants. La pluie se met à tomber au dehors.
Dominique.

Bon ! la pluie ! Il nous faut attendre, puisqu’un équipage nous manque pour faire notre entrée a Paris.

Paul.

Quand nous en sommes sortis, la dernière fois, c’était dans une chaise de poste à quatre chevaux.

Dominique.

Moi, j’étais sur le siège ; je payais les postillons ! et aujourd’hui, nous voilà à guetter l’omnibus.

L’inconnu, se levant poliment.

Les omnibus de la banlieue, Monsieur, ne se mettent en marche qu’à huit heures et demie du matin.

Paul et Dominique se retournent et examinent l’inconnu.
L’inconnu.

Ces messieurs sont étrangers ?… Monsieur voyage pour son plaisir, sans doute ? Si Monsieur avait besoin