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pant dessus d’aplomb, en fait briller quelque petit brin vert qui, de loin, dans l’ombre, scintille comme une étoile. Nous avons erré partout : dans les longs couloirs, sur les tours, sur la courtine étroite dont les trous des mâchicoulis béants tirent l’œil en bas vers l’abîme.

Donnant sur la cour intérieure, au second étage, est une petite pièce basse dont la porte de chêne, ornée de rainures moulées, s’ouvre par un loquet de fer. Les poutrelles du plafond, que l’on touche avec la main, sont vermoulues de vieillesse ; les lattes paraissent sous le plâtre de la muraille qui a de grandes taches sales ; les carreaux de la fenêtre sont obscurcis par la toile des araignées et leurs châssis encroûtés sous la poussière. C’était là sa chambre. Elle a vue vers l’ouest, du côté des soleils couchants[1].

Nous continuâmes ; nous allions toujours ; quand nous passions près d’une brèche, d’une meurtrière ou d’une fenêtre, nous nous réchauffions à l’air chaud qui venait du dehors, et cette transition subite rendait tous ces délabrements encore plus tristes et plus froids. Dans les chambres, les parquets pourris s’effondrent, le jour des-

  1. Il y a quelques années, un étranger vint visiter la chambre de Chateaubriand et écrivit sur la porte des vers d’Hugo ; on n’a pu me dire lesquels. Dès que le propriétaire actuel (le neveu du poète) en eut connaissance, il fit venir de suite un menuisier et les fit enlever au rabot « car il déteste Victor Hugo et son oncle, à l’exception du Génie du Christianisme ». (Rapporté par M. Corvesier lui-même.) (Note du manuscrit de Flaubert.)