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sous soi les toits pointus des maisons, vieux hôtels déserts.
Intérieur du château, nul ; les éternels bustes du roi, de la reine et de Mme Adélaïde dans plusieurs appartements. — Dans un pan de mur qui faisait partie d’une ancienne terrasse, le porc-épic. — La chapelle : délicieuse, ouvrage de fouillure de ciselé, d’élégance, et dont le style fait penser aux fraises à la Médicis à cause de ses broderies, de ses boutons et de ses découpures. — Sur la porte un saint Hubert descendu de cheval, à genoux ; un ange vient mettre une couronne sur son bonnet, le saint est agenouillé devant le cerf qui porte un crucifix entre ses cornes ; les chiens sont à côté et jappent ; un serpent rampe sur une montagne où l’on aperçoit des cristaux, on voit sa tête plate de vipère au pied des arbres, l’arbre dévot, théologique des bibles, petit et sec de feuillage, mais large de branches. — Saint Christophe porte Jésus ; saint Antoine est dans sa cellule, son cochon rentre, on ne lui voit que le derrière, cela fait parallèle à un autre animal (lièvre ?) dont la tête sort.
Tour par où montent les voitures, garnie de fenêtres de même style que l’autre : médaillons représentant différents sujets grotesques, obscènes ; il y a une intention dans la gradation des scènes en prenant le sujet d’en bas. Ainsi à partir d’en bas, on voit l’Aristoteles equitatus (?) et on en arrive à un homme qui visite une dame par derrière. — Plusieurs médaillons intermédiaires ont été enlevés exprès, de sang-froid, « parce qu’il y en avait beaucoup qui étaient inconvenants pour les dames », a dit le garde d’un air pénétré de cette vérité.
Route de Chenonceaux à travers la forêt monte jusqu’à Bléré à peu près. — Chemin frais, à cause de la fraîcheur de la pluie ; nous fumions dans la voiture après un excellent dîner à Amboise.
Chenonceaux. — Le soir, 2 mai, 9 heures. — Le soir nous avons été fumer sous les arbres verts, à la pluie. — Le château d’un beau style du XVIe siècle. — Le Cher