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de sa bonne figure d’animal ; ses chiens jappent, et, sur la montagne dont les tranches et les facettes figurent des cristaux, le serpent qui rampe avance sa tête plate au pied d’arbres ressemblant à des choux-fleurs. C’est l’arbre qu’on rencontre dans les vieilles bibles, sec de feuillages, gros de branches et de tronc, qui a du bois et du fruit, mais pas de verdure ; l’arbre symbolique, l’arbre théologique et dévot, presque fantastique dans sa laideur impossible. Non loin de là, saint Christophe porte Jésus sur ses épaules et saint Antoine est dans sa cellule, bâtie sur un rocher ; le cochon rentre dans son trou ; on n’en aperçoit que son derrière et sa queue terminée en trompette, tandis que près de lui un lièvre sort les oreilles de son terrier.

Ce bas-relief sans doute est un peu lourd et d’une plastique qui n’est pas rigoureuse. Mais il y a tant de vie et de mouvement dans ce bonhomme et ses animaux, tant de gentillesse et de bonne foi dans les détails, qu’on donnerait beaucoup pour emporter ça et pour l’avoir chez soi. Ça vaudrait bien les statuettes genre moyen âge qu’on trouve chez les coiffeurs, les sujets équestres d’Alfred de Dreux qu’on trouve chez les filles entretenues, et la Putiphar de M. Steuben qu’on ne trouve, Dieu merci, nulle part.

Dans l’intérieur du château, l’insipide ameublement de l’Empire se reproduit dans chaque pièce avec ses pendules mythologiques ou historiques et ses fauteuils de velours à clous dorés. Presque