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nous nous trompâmes de route. Longtemps, sans que cela nous parût long, nous cheminâmes par la rase campagne, sous les arbres dans des chemins creux, sur la lande à travers les sillons labourés, dans des sentiers, sur la grande route. Quand nous étions las, nous débouclions nos sacs et couchés au pied d’un chêne, sur le revers d’un fossé, tout en fumant et causant, nous regardions les nuages rouler, nous laissions les heures passer.

À Bénodet nous avons traversé la rivière dans un bac. À Combrit nous nous sommes perdus et nous retournions vers Quimper si un cantonnier ne nous en avait avertis.

À cinq heures du soir, nous arrivâmes à Pont-l’Abbé, enduits d’une respectable couche de poussière et de boue qui se répandit de nos vêtements sur le parquet de la chambre de notre auberge, avec une prodigalité si désastreuse, que nous étions presque humiliés du gâchis que nous faisions, rien qu’en nous posant quelque part.

Pont-l’Abbé est une petite ville fort paisible, coupée dans sa longueur par une large rue pavée. Les maigres rentiers qui l’habitent ne doivent pas avoir l’air plus nul, plus modeste et plus bête.

Il y a à voir, pour ceux qui partout veulent voir quelque chose, les restes insignifiants du château et l’église ; une église qui serait passable, d’ailleurs, si elle n’était encroûtée par le plus épais des badigeons qu’aient jamais rêvés les conseils de fabrique. La chapelle de la Vierge était remplie