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large gland de son tarbouch éparpillé est retenu par les rouleaux de son turban. Quand nous entrons dans Ekiissar, nous le trouvons au café.

Ekiissar. — Les maisons du village ont des clôtures faites avec les ruines antiques, colonnes rondes, colonnes cannelées. Les maisons sont bâties en pierres sèches, avec des cheminées carrées en pierres sèches ; le ton général est assez celui des vallées des Pyrénées. Ces habitations sont enfouies dans la vigoureuse verdure des grands arbres, les troncs des ceps de vigne enlacent les arbres comme des serpents, ceux qui sont desséchés ont l’air de serpents raidis dans la mort. D’autres fois et plus souvent, c’est l’arbre qui est mort et la vigne verte qui dévore son squelette ; cela fait des guirlandes, des nœuds, des pendentifs, des culs-de-lampe.

Sérail du gouverneur. — La maison est au fond ; des Turcs, brodés d’or, sont sur l’escalier et sous la large varangue devant la maison ; un fin gazon vert s’étend sur la cour, où le nègre promène son cheval en sueur. À gauche dans la cour, en entrant, ruines en pierres énormes, un grand arbre ; derrière la maison, ce sont des arbres partout ; montagnes au fond. Au bout de la varangue est une tonnelle couverte de vignes et de raisins ; le feuillage, de chaque côté, est en masse oblique, ça fait comme les deux rideaux d’une alcôve.

Tour dans le village avant le dîner. — Ruines à profusion : une porte encore debout, avec une frise en astragale d’un assez joli goût ; ailleurs on a converti en linteaux de porte deux morceaux d’une frise en rinceaux très belle ; colonne corinthienne, debout ; profusion d’inscriptions grecques