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On monte, la route tourne entre des petits sapins et des chênes nains ; les montagnes grises, picotées çà et là de vert pâle, ont un glacis rose, léger, et qui tremble sur elles. Rencontré une fois un troupeau de chèvres ; peu de temps après, un troupeau de moutons, un petit agneau qui broutait, à genoux sur les jambes de devant. Mais combien j’aime mieux les chèvres ! Derrière elles le pasteur avec son grand bâton blanc, recourbé.

De Mandra à Casa, le pays consiste (en résumé) en deux grands cirques séparés par des montagnes. On monte une montagne, on descend, plaine entourée de toutes parts de montagnes, et l’on recommence.

Il faisait froid quand nous sommes arrivés ici (le soleil venait de se coucher), à l’ombre surtout.

En arrivant dans la vallée au fond de laquelle se trouve Casa, on a en face de soi le Cithéron, couvert de neige à son sommet. Comme il y a de petits endroits qui ont fait parler d’eux, mon Dieu !

Logés dans un khan qui ne ressemble guère à un khan : grande maison blanche près d’un poste de gendarmerie, deux cheminées dans la longue pièce où nous sommes : les Grecs paraissent redouter excessivement le froid ? À propos de gendarmes, le nôtre n’a voulu manger ni perdrix ni poulet, c’est carême (grec), il fait maigre. Quelle pitié cela ferait à un tourlourou français !

Casa (ancienne Eleuthères ?),
8 heures et demie du soir.