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Ce qu’il y a de plus imbécile au monde, ce sont les gens dits moyens : la bourgeoisie intellectuelle, de même que les braves gens, sont les plus féroces.

La cruauté par sensualité révolte moins que la cruauté qui s’ignore, la cruauté d’idées, de principes. Est-ce parce que la première est un besoin de l’homme dans la plénitude de ses facultés et que la seconde est un vice de son intelligence ? L’art peut tirer parti de l’une, il s’écarte de la seconde : on n’idéalisera jamais Robespierre ; de Marat, la chose serait plus aisée, parce qu’il semble y avoir eu chez lui plus d’emportement, d’instinct, de ϖαθος. Néron a été poétique de tout temps.

Le crétin diffère moins de l’homme ordinaire que celui-ci ne diffère de l’homme de génie.

Vous ferez comprendre plus facilement la géométrie à une huître qu’une idée aux trois quarts des gens de ma connaissance.

Il n’y a pas d’idée vraie dont l’idée contraire ne soit également vraie : c’est qu’elle ne la contredit peut-être pas, mais lui fait simplement parallèle.

Jusqu’à quel point l’anachronisme en fait d’art importe-t-il au sujet ? Je vois beaucoup de gens y faire attention, ce qui me pousse à penser que ça ne signifie pas grand’chose.

(À propos de J.-J. Rousseau.)

J’ai vu aujourd’hui une femme à laquelle un goitre faisait bien. Pourquoi ? cela n’a pas encore été réduit en lois.

FIN DES ŒUVRES COMPLÈTES.