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maigre ; ses dents canines supérieures très proéminentes, seules dents qui lui restassent, le font ressembler à une bête féroce. Il a tiré d’un sac deux serpents à tête très plate. En face de lui, un joueur de tambourin et un fifre ; un enfant dansait, ou plutôt sautait, et lui, le vieux, criant, gesticulait, tirait la langue et imitait le balancement des serpents qui se traînaient sur le ventre en faisant osciller leur tête. Le cercle des spectateurs, entièrement composé de Maures, était tout blanc gris, et généralement la tête couverte ; figures et bras bruns.

Le lendemain dimanche, promenade au Belvéder, avec M. Dubois, dans les oliviers. Le terrain monte doucement, ça me rappelle certains aspects de la Palestine. De temps à autre, une banquise entre les arbres, traces de l’aqueduc ; la terre est très labourée sous les oliviers. Nous montons sur le sommet d’une colline très haute, d’où l’on voit la mer, le lac derrière Tunis et la plaine de la Medjerdah.

Brume. — Retourné à l’Ariana : charmante, délicieuse, enivrante chose. Les terrasses blanches des maisons à volets verts saillissent au milieu de la verdure, le tout est dominé, en échappées, par des montagnes bleues ; champs d’oliviers, caroubiers énormes ; des haies de nopals où les feuilles, vieillissant, sont devenues des branches.

La terrasse du café : juifs et juives avec des jambarts d’or ; une p....., les sourcils peints, complètement joints ; une miss, belle-sœur du consul anglais, sur un cheval blanc. — Retour avec MM. Dubois, de Sainte-Foix, de Kraff. — Soir au cercle.