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Départ de Stora à 6 heures, nous mouillons à 8 heures et demie à l’abri du Cap de Fer.

Écrit le soir à 10 heures,
le navire roule un peu sur ses ancres.

Le vent d’Est nous force à passer la nuit au Cap de Fer. Le lendemain mardi et le mercredi, restés au Fort Gênois, à cause du mauvais temps et de l’hélice prise dans une chaîne de bouée.

Jeudi, débarqué à Bône. Plage d’où la mer se retire : les chevaux se baignent à une grande distance du rivage. C’est désert, bête et lamentable ; les montagnes sont vertes. — Hippone, mamelon vert dans une vallée entre deux montagnes, inclinant un peu sur la gauche. — Nous montons à la casbah : prisonniers militaires terrassant une terre blanche en plein soleil ; inscriptions exaspérantes sur les murs, tout en est maculé ; M. de Bovie et M. de Kraff trouvent cela tout simple.

Le gouverneur, grand blond, à barbiche ; l’abbé de la Fontan, charmant, un Fénelon brun.

En redescendant, nous voyons nos plongeurs napolitains qui sortent de l’église Saint-Augustin, où ils avaient été prier pour que le ciel leur accordât une augmentation de paie.

Histoire de l’amulette de M. de Kraff ; il y croit quoi qu’il dise. La faculté d’assimilation des Russes est-elle une puissance ? ne faut-il pas, pour vaincre, un élément nouveau, une originalité quelconque ? Qu’apportera une pareille race d’hommes ?… merveilleux comme des mécaniques.

Je passe la nuit à causer avec le commandant. Il sait par cœur bon nombre de vers de Virgile et