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blanc ; de l’autre côté, prairie, arbres à ton roux, à cause de l’absence de feuilles, et, après, les montagnes. Partout le paysage a ce caractère de simplicité et de charme, on sent de bonnes odeurs, la sève des bois s’infiltre dans vos muscles, le bleu du ciel descend en votre esprit, on vit tranquillement, heureusement.

Le paysage, suivant la courbe des montagnes, fait des coudes perpétuels.

Nous arrivons au soleil couchant au khan ; il se couchait juste en face de nous et nous aveuglait, j’étais obligé de mettre ma main sur les yeux pour voir le chemin, quand mon cheval galopait.

Dans trois jours nous serons à Patras !

Polignia, 9 heures du soir.

Mardi 4 février. — Nous avons couché dans une grande chambre de khan, aux poutres vernies par la fumée ; pour avoir du feu, j’ai récolté pendant une demi-heure des sarments de ligaria épars dans la cour, et arraché des bourrées épineuses à un enclos. Nuit froide et pleine de puces.

Nous partons à 8 heures du matin, par beau temps, nous longeons toujours la rive droite de l’Alphée, les montagnes s’abaissent, couvertes de sapinettes et de pins, quelques-uns très beaux, la vallée s’élargit.

Une heure après notre départ du khan, le côté de la montagne que nous longions a un renfoncement, cela s’ouvre en un large cul-de-sac, bordé de collines rares, boisées (restes de l’Altis ?). Dans deux trous, fouilles de l’expédition française : traces de murs énormes, grosses pierres très bous-