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Petit pavillon où il se retire pour boire ; derrière, vue sur les montagnes. Nous y parlons de Crésus et des collections de Paris.

Lundi 21. — Partis le matin, à 6 heures moins un quart, et traversé, comme hier pour entrer dans la ville, un long faubourg. — Caravane immense de chameaux partant pour Smyrne, ils nous encombrent la route, nous passons à côté. Ils sont roux, poilus. Le dernier a sur l’épaule une énorme cloche, sorte de fragment de tuyau de poêle qui fait un grand bruit. — Chariot à roues pleines, traîné par deux buffles à jambes épatées, écartées ; toute une famille est dedans pêle-mêle, les femmes voilées.

À 9 heures du matin, déjeuner à un gourbi de zeibeks.

Toute la journée, pendant près de huit heures, nous allons tantôt entre des bosquets d’arbustes, tantôt sur une lande garnie d’une herbe rare. Le sentier tourne dans des verdures. Ruisseaux passés à gué, du reste il y en a moins qu’hier ; le pays aussi est plus boisé, plus riant. Toutes les heures nous rencontrons un gourbi avec un grand arbre et une fontaine ; la route est plus peuplée de voyageurs que les jours suivants. Nous avons deux hommes d’escorte, donnés par le gouverneur de Gusel-lssar, et deux moucres qui vont au trot, montés sur leurs bêtes ; la route tourne en suivant le cours d’eau que nous avons à notre gauche, coulant en bas, entre des verdures très vertes, jeunes et hautes.

À 1 heure un quart, halte sous un gourbi au pied d’une montagne ; les zeibeks, là, sont effroyablement armés. Nous prenons le café, servis par