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Taygète même (si beau pourtant) : ce sont des montagnes stoïques ou bien spartiates.

Quand on a gravi la colline qui est sur notre droite, la route fait un coude dans ce sens ; on a au fond le Taygète, presque à pic, à mamelons pressés, plaques rouges dans sa couleur grise, piquée de verdure ; à mi-hauteur, verdure sombre des pins ; plus haut, neiges ; à droite, Mistra et son acropole turque, aspect gris, bâti sur la dernière pente de la montagne ; à gauche, sur une éminence, au milieu de la plaine, maisons blanches de Sparte. Cinq minutes avant d’entrer dans la ville, ruines d’un théâtre. Des chiens aboient après nous, des petits agneaux bêlent. La route va entre deux enclos bordés de murs ; pour entrer dans la ville même, elle monte un peu.

Sparte. — Une grande rue, bordée de boutiques à la turque et de maisons dont quelques-unes ont des balcons en bois, couverts.

Pendant que nous cherchons un gîte, une foule de soixante à quatre-vingts personnes nous contemple, elle nous suit dans le café où nous nous réfugions, et se range en cercle autour de nous à nous regarder : je nous fais (?) l’effet de sauvages salle Valentino, que l’on vient voir pour de l’argent.

François, à la fin, nous découvre un logement où il y a une cheminée, le public nous y accompagne, on se met aux fenêtres pour nous voir passer, et, au détour de la rue, nous apercevons le clergé qui est sorti de l’église.

Sparte, 9 heures.

Jeudi 30 janvier. — Passé la matinée à coudre les bretelles de mes éperons, ce qui m’agace con-