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pauvres bêtes ne puissent nous mener jusqu’à Patras, elles ont l’air harassées dès maintenant.

Achladhokambos, 8 heures du soir.

Mardi 28. — Nous descendons dans la plaine ; cinq minutes après être partis, nous voyons le village de Achladhokambos, au-dessus de nous, sur la pente de la montagne, étagé, à notre droite.

Pendant une demi-heure, la plaine entourée de montagnes de tous côtés ; la route tourne à gauche et nous entrons dans une gorge étroite entre deux hautes montagnes, comme un immense fossé sinueux ; la route, accrochée au flanc droit de la montagne, étroite et difficile, monte par une pente très rapide. Au-dessus de nos têtes nous voyons des paysans couverts de manteaux blancs, avec des chevaux chargés de broussailles de chênes nains, qui descendent. La route a, de places en places, un petit parapet de pierres sèches. Nous entrons dans les nuages, nous ne voyons rien que le brouillard humide qui nous entoure, il fait froid. Passe à notre droite un troupeau d’une douzaine de femmes en guenilles ; elles n’ont pour compagnon et protecteur qu’un enfant de 10 ans, mais leur laideur, et leur saleté surtout, les protègent plus qu’un régiment de dragons. — Traces d’une ancienne route. — En haut de la montagne, à gauche, une maison, khan abandonné (?) où un cheval de notre bagage veut entrer.

Nous descendons pendant vingt minutes à peu près, et tout de suite nous nous trouvons inopinément dans une grande plaine vaseuse, où nos chevaux entrent jusqu’au jarret ; nos hommes vont