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Vu les Puritains. À gauche, dans une loge, Mlle Conduriottis, figure ronde, pâle, magnifiques sourcils noirs, œil à demi fermé, vous faisant de temps à autre le cadeau de s’ouvrir entièrement pour qu’on les voie ; belle narine remontée et très ovale, seul trait animé de ce placide et beau visage ; toute la tête entourée d’un ample fichu rose à graines d’or, qui passe sur les cheveux, autour du cou, s’entre-croise sur la poitrine à draperies raides et cassées, donnant à la physionomie tout à la fois quelque chose de mignon et d’enfantin.

Mercredi 22 janvier, visite à Canaris. — Petite maison jaune, à réchampis blancs autour des fenêtres, intérieur très propre.

Reçus par Mme Canaris en costume psariote, une bavette à bandes d’or sur la poitrine, sorte de turban rose incliné sur l’oreille gauche, et recouvert de la draperie d’un voile blanc ; grosse petite femme dodue, rieuse, aimable, parlant haut d’une voix aigre, riant beaucoup.

M. Canaris était au Sénat.

Salon à meubles d’acajou et noyer ; ameublement, salon d’un médecin de petite ville ; verres de couleur sur des morceaux de tapisserie à bordures en peluche, gravures modernes aux murs.

Canaris entre, en nous donnant une poignée de main. Petit homme trapu, gris, blanc, nez écrasé et de côté par le bout, figure carrée ; air brutal doux, pas de front. Il reste la jambe droite étendue de côté, le genou rentré, le pied en dehors, étant assis sur son fauteuil.

Ne fait que parler de M. Piscatory, qu’il paraît admirer beaucoup, rompt les chiens toutes les fois qu’il est question de lui, a entendu parler de