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mi-côte sur la montagne, cachés par les oliviers ; un homme se reposait à la fontaine, tenant son petit cheval par la bride. Deux ou trois chameaux ont passé pendant que nous étions là à souffler un peu à l’ombre et à fumer une pipe ; un d’eux, la lèvre tombante et orné sur les deux côtés de la tête de deux grosses houppes pendantes, ressemblait à une vieille femme au nez busqué, coiffée à l’anglaise. Au bout de 2 heures, après avoir descendu une descente rocailleuse et difficile, nous arrivons dans le vallon, où nous sommes campés. En face de nous un mamelon, deux à gauche, un à droite, un derrière nous ; nous sommes au bas du mouvement de terrain, la route passe devant nous, j’entends la voix de trois femmes qui passent en ce moment ; la nuit tombe. — Sassetti fait les lits. — Grelot d’un mulet. — La fontaine est à notre droite ; au bas de la descente, Khan Leban.

Nous nous levons au clair de la lune, grelottant du froid qu’il a fait toute la nuit ; à 4 heures et demie nous sommes en marche, le chemin est meilleur qu’hier. Nous allons sur le versant de droite de la montagne, que nous tournons pour entrer dans la vallée de Sichem. Vers 8 heures du matin, en passant devant Howara qui est à notre gauche, tout le monde fait son petit repas. Devant nous une large vallée entourée de montagnes de tous côtés, avec quelques carrés cultivés ou de verdure, çà et là au milieu d’elle ; elle est rayée par une route qui va à Tibériade. Nous tournons à gauche et nous entrons dans la vallée de Naplou. Vers ce coude de notre route, passent deux femmes portant des fardeaux ; une à grands yeux noirs, tarbouch rouge enfoncé sur le front, avec