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d’abord sur le sable, ensuite sur une haute digue. Des arbres à gauche, parmi lesquels des cassiers.

Les bazars sentent le café et le santal. Au détour d’une rue, en sortant du bazar, à droite, nous tombons tout à coup dans le quartier des almées. La rue est un peu courbe ; les maisons, de terre grise, n’ont pas plus de quatre pieds de haut. À gauche, en descendant vers le Nil, une rue adjacente, un palmier. Ciel bleu. Les femmes sont assises devant leur porte, sur des nattes, ou debout… Vêtements clairs, les uns par-dessus les autres, qui flottent au vent chaud ; des robes bleues autour du corps des négresses. Elles ont des vêtements bleu ciel, jaune vif, rose, rouge, tout cela tranche sur la couleur des peaux différentes. Colliers de piastres d’or tombant jusqu’aux genoux ; coiffures de fils de soie (enfilés de piastres) au bout des cheveux, et faisant du bruit les unes sur les autres. Les négresses ont sur les joues des marques de couteau longitudinales, généralement trois sur chaque joue : c’est fait dans l’enfance, avec un couteau rougi.

Femme grosse (Mme Maurice) en bleu, yeux noirs enfoncés, menton carré, petites mains, les sourcils très peints, air aimable. Petite fille à cheveux crépus, descendus sur le front, marquée légèrement de petite vérole (dans la rue qui continue le bazar en suivant tout droit pour aller à Birr-Amber, passé l’épicier grec). — Une autre était vêtue d’un habar de Syrie bariolé. — Grande fille qui avait une voix si douce en appelant : cawadja ! cawadja !… Le soleil brillait beaucoup.

Arrivée inopportune de Fioravi (M. de Lauture m’a