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Des nuages d’or, semblables à des divans de satin, le ciel est plein de teintes bleuâtres gorge pigeon : le soleil se couche dans le désert. À gauche, la chaîne arabique avec ses échancrures ; elle est plate par son sommet, c’est un plateau ; au premier plan, des palmiers, et ce premier plan est baigné dans la teinte noire ; au deuxième plan, au delà des palmiers, des chameaux qui passent, deux ou trois Arabes vont sur des ânes. Quel silence ! pas un bruit. De grandes grèves et du soleil ! le passage ainsi peut arriver à devenir terrible ; le Sphinx a quelque chose de cet effet.

Benisouëf. — Le 13, arrivée à Benisouëf. Comme notre cange aborde, un barbier se présente avec son miroir rond, incrusté, et ses serviettes pelucheuses. — Maison du gouverneur crépie à la chaux. — Son enfant vêtu à la stambouline et tiré dans des sous-pieds.

Jeudi 14. — Départ pour Medinet el-Fayoum, sur d’exécrables ânes, munis de bâts plus exécrables encore.

Campagne plate, tapis vert uniforme, relevé de temps à autre par un bouquet de palmiers cachant un village. Immense quantité de fèves ; on dirait que ce légume se venge de son interdiction. — Déjeuner près d’une fontaine, au village de El-Agegh. — Autre village plus grand où Maxime se perd.

Tombeaux ruinés, qui ressemblent à des culs de four ; des guenilles, des os blanchis paraissent à même dans la terre, comme une galantine coupée par la moitié.

Douer de Bédouins. — Belles filles dans la campagne. — Chiens hurlant autour des tentes