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XXXIII
préface

vent elles visent à « l’effet » scénique. Un grand nombre de tirades sont filées comme de véritables couplets dramatiques, ponctuées de reprises et terminées par la phrase sonore qui enlève les applaudissements. Enfin, il y a au moins une apparence d’action, — une action qui, sans être extrêmement mouvementée, nous paraît cependant mieux conduite que dans la dernière version.

D’abord, les Péchés commencent à tenter doucement l’anachorète, à insinuer en lui des appétits de jouissance : ce qui l’amène à souhaiter pour la sécurité de sa conscience, que la religion soit fausse. Il a des doutes sur le fond même du christianisme, sur la Bible et le Nouveau Testament. Puis, l’Esprit du mal lui montre ces doutes en quelque sorte incarnés et réalisés dans les Hérésies. En dernier lieu, il lui fait voir de faux prophètes aussi séduisants que les vrais : Simon le Magicien, Ennoïa, Apollonius de Tyane… Profitant de ce désarroi de sa pensée, les Péchés reviennent à la rescousse, il les repousse par orgueil. L’ermite se renferme dans sa chapelle, entre les trois Vertus théologales. El c’est le premier acte du drame.

Au début du second, les Péchés reprochent à l’Orgueil de leur avoir dérobé leur proie. Avec son aide et celle de la Science, ils concertent une nou-