Page:Flaubert - La Première Tentation de Saint Antoine, éd. Bertrand, 1908.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XVII
préface

dans son fond, une chose très différente, comme on va le voir.

III

Dans les deux Tentations, le personnage principal est le même. Bon nombre de personnages accessoires et, çà et là, des épisodes entiers figurent également dans la première et la seconde. Et cependant, malgré toutes ces analogies, les deux versions n’ont, pour ainsi dire, de commun que le titre.

Il ne faut pas oublier qu’il y a entre elles un intervalle de vingt ans. Cela explique presque tout. Le Flaubert de 1874 n’avait plus la jeunesse d’imagination et de sentiment, la ferveur, l’exubérance créatrice du Flaubert de 1849. Il avait laissé en route bien des illusions, des préjugés, des engouements juvéniles, mais, quand il s’interrogeait, il s’avouait que le meilleur de lui, c’était le romantique qu’il avait été et qui — en dépit de tous ses efforts pour l’extirper — continuait toujours à vivre au fond de son cœur.

Or, le romantique déborde dans le premier Saint Antoine. On le reconnaît à une certaine rhétorique redondante et truculente, dont Flaubert ne perdit jamais complètement l’habitude, à la