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XIV
préface

II

On comprend maintenant le cas de conscience qui s’est posé pour Mme Grout et pour moi, lorsqu’il s’est agi de publier le manuscrit de la première Tentation.

Évidemment, cette version est celle qui aurait dû paraître. C’est une œuvre terminée, revue avec soin par l’auteur, alors qu’il était dans toute la maturité de son génie. Mais, d’autre part, il est trop certain que, douze ans plus tard, elle ne le satisfit plus, puisqu’il estima nécessaire de la remanier totalement, pour en tirer la version que nous possédons depuis 1874. Publier celle de 1856, n’était-ce point aller contre sa volonté formelle ?

Notons d’abord que Flaubert, — homme de tous les scrupules et dont la vie se passa à douter de lui-même, — Flaubert n’aurait pas été plus content de la dernière version, s’il avait eu le loisir ou la fantaisie de la reprendre en détail. En octobre 1856, il était persuadé que le Saint Antoine première manière avait un plan solide et qu’il était enfin « sur ses pieds[1] ». L’année suivante, revire-

  1. Correspondance, t. III, p. 65.