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préface

l’assagir. Cela se passait dans la seconde quinzaine de septembre 1849.

En octobre, Flaubert s’embarque pour l’Orient — où il voyage deux années de suite. De retour à Croisset, il s’attelle, en rechignant, à la Bovary, qui devint pour lui — il s’en est assez plaint ! — le plus cruel des pensums. Cependant il lui demeurait une tristesse et une humiliation d’avoir manqué le Saint Antoine. Dès que la Bovary est « ficelée » — à la fin de mai 1856, — il se replonge avidement dans le manuscrit abandonné. Il travaille à le corriger avec un tel entrain que, pour le commencement d’octobre, il a complètement mis au point cette première ébauche, où il a pratiqué de larges coupures et dont il a refait des passages entiers. Il regarde son œuvre comme définitivement achevée, il en est même plus satisfait que du roman qu’il vient d’écrire et qui, à son avis, est « raté ». — « Ce qui me console, écrit-il à Bouilhet, c’est l’espoir que Saint Antoine a maintenant un plan. Cela me semble beaucoup plus sur ses pieds que la Bovary[1]. » Et il est bien décidé à publier la Tentation à un intervalle raisonnable de son roman. Il la recopie entièrement sur beau papier. Le manuscrit est tout prêt pour l’impression.

  1. Correspondance, t. III, p. 65.