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les pas lourds du garçon résonnaient sur les dalles.

Mme Vaucorbeil, courtaude et l’air bougon (elle était d’ailleurs vers la fin de sa grossesse), avait gardé un mutisme absolu. Bouvard, ne sachant de quoi l’entretenir, lui parla du théâtre de Caen.

— Ma femme ne va jamais au spectacle, reprit le docteur.

M. Marescot, quand il habitait Paris, ne fréquentait que les Italiens.

— Moi, dit Bouvard, je me payais quelquefois un parterre au Vaudeville pour entendre des farces !

Foureau demanda à Mme Bordin si elle aimait les farces !

— Ça dépend de quelle espèce, dit-elle.

Le maire la lutinait. Elle ripostait aux plaisanteries. Ensuite elle indiqua une recette pour les cornichons. Du reste, ses talents de ménagère étaient connus, et elle avait une petite ferme admirablement soignée.

Foureau interpella Bouvard :

— Est-ce que vous êtes dans l’intention de vendre la vôtre ?

— Mon Dieu, jusqu’à présent, je ne sais trop…

— Comment ! pas même la pièce des Écalles ? reprit le notaire ; ce serait à votre convenance, madame Bordin.

La veuve répliqua en minaudant :

— Les prétentions de M. Bouvard seraient trop fortes.

— On pourrait peut-être l’attendrir.

— Je n’essayerai pas !