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il gardait dans sa poche une lettre pour Bouvard.

« Monsieur,

« Craignant que M. Pécuchet ne soit malade, j’ai recours à votre obligeance… »

— De qui donc la signature ?

« Olympe DUMOUCHEL, née CHARPEAU. »

Elle et son époux demandaient dans quelle localité balnéaire, Courseulles, Langrune ou Lucques, se trouvait la meilleure compagnie, la moins bruyante, et tous les moyens de transport, le prix du blanchissage, etc., etc.

Cette importunité les mit en colère contre Dumouchel ; puis la fatigue les plongea dans un découragement plus lourd.

Ils récapitulèrent tout le mal qu’ils s’étaient donné ; tant de leçons, de précautions, de tourments !

— Et songer, disaient-ils, que nous voulions autrefois faire d’elle une sous-maîtresse ! et de lui, dernièrement, un piqueur de travaux !

— Ah ! quelle déception !

— Si elle est vicieuse, ce n’est pas la faute de ses lectures.

— Moi, pour le rendre honnête, je lui avais appris la biographie de Cartouche.

— Peut-être ont-ils manqué d’une famille, des soins d’une mère.

— J’en étais une ! objecta Bouvard.

— Hélas ! reprit Pécuchet. Mais il y a des