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étaient civilisés au temps de Jules César ? Sans doute ils proviennent d’un peuple plus ancien.

Une telle hypothèse, selon Larsoneur, manquait de patriotisme.

N’importe ! rien ne dit que ces monuments soient l’œuvre des Gaulois. « Montrez-nous un texte ! »

L’académicien se fâcha, ne répondit plus ; et ils en furent bien aises, tant les Druides les ennuyaient.

S’ils ne savaient à quoi s’en tenir sur la céramique et sur le celticisme, c’est qu’ils ignoraient l’histoire, particulièrement l’histoire de France.

L’ouvrage d’Anquetil se trouvait dans leur bibliothèque ; mais la suite des rois fainéants les amusa fort peu. La scélératesse des maires du palais ne les indigna point ; et ils lâchèrent Anquetil, rebutés par l’ineptie de ses réflexions.

Alors ils demandèrent à Dumouchel « quelle est la meilleure Histoire de France ».

Dumouchel prit, en leur nom, un abonnement à un cabinet de lecture et leur expédia les lettres d’Augustin Thierry, avec deux volumes de M. de Genoude.

D’après cet écrivain, la royauté, la religion et les assemblées nationales, voilà « les principes » de la nation française, lesquels remontent aux Mérovingiens. Les Carlovingiens y ont dérogé. Les Capétiens, d’accord avec le peuple, s’efforcèrent de les maintenir. Sous Louis XIII, le pouvoir absolu fut établi, pour vaincre le protestantisme, dernier effort de la féodalité, et 89 est un retour vers la constitution de nos aïeux.

Pécuchet admira ses idées.