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rares : la carcasse d’un bonnet de Cauchoise, deux urnes d’argile, des médailles, une fiole de verre opalin. Un fauteuil en tapisserie avait sur son dossier un triangle de guipure. Un morceau de cote de mailles ornait la cloison à droite ; et en dessous, des pointes maintenaient horizontalement une hallebarde, pièce unique.

La seconde chambre, où l’on descendait par deux marches, renfermait les anciens livres apportés de Paris, et ceux qu’en arrivant ils avaient découverts dans une armoire. Les vantaux en étaient retirés. Ils l’appelaient la bibliothèque.

L’arbre généalogique de la famille Croixmare occupait seul tout le revers de la porte. Sur le lambris en retour, la figure au pastel d’une dame en costume Louis XV faisait pendant au portrait du père Bouvard. Le chambranle de la glace avait pour décoration un sombrero de feutre noir, et une monstrueuse galoche, pleine de feuilles, les restes d’un nid.

Deux noix de coco (appartenant à Pécuchet depuis sa jeunesse) flanquaient sur la cheminée un tonneau de faïence, que chevauchait un paysan. Auprès, dans une corbeille de paille, il y avait un décime rendu par un canard.

Devant la bibliothèque se carrait une commode en coquillages, avec des ornements de peluche. Son couvercle supportait un chat tenant une souris dans sa gueule, pétrification de Saint-Allyre, une boîte à ouvrage en coquilles mêmement, et sur cette boîte, une carafe d’eau-de-vie contenait une poire de bon-chrétien.

Mais le plus beau, c’était, dans l’embrasure de la fenêtre, une statue de saint Pierre ! Sa main