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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Au milieu de mon désespoir je me tourne vers vous. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais il me semble que vous me comprendrez.

Vous étiez bien triste dimanche, et moi aussi !…

Je vous baise les deux mains.


1036. À JULES DUPLAN.
[Croisset.] Jeudi [22 juillet 1869].
Cher Vieux,

Ton pauvre géant a reçu une rude calotte dont il ne se remettra pas[1]. Je me dis : « À quoi bon écrire maintenant, puisqu’il n’est plus là ! ». C’est fini les bonnes gueulades, les enthousiasmes en commun, les œuvres futures rêvées ensemble. Il faut être « philosophe et homme d’esprit », mais ce n’est pas facile. Je te raconterai les détails quand nous nous verrons. Sache pour le moment qu’il est mort en philosophe. Ce que j’ai éprouvé de plus dur a été mon voyage de Paris à Rouen ; j’ai cru crever de soif et j’avais devant moi une cocotte qui riait, chantait et fumait des cigarettes, etc. Il s’est formé une commission pour lui élever un monument. On lui fera un petit tombeau convenable et un buste qu’on mettra au Musée. On m’a nommé le président de cette commission ; je t’enverrai la première liste de souscripteurs. L’Odéon m’a écrit deux ou trois belles lettres. J’ai rendez-vous avec les directeurs pour le

  1. Mort de Louis Bouilhet, 18 juillet 1869.