Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/442

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
436
CORRESPONDANCE

et personnelle) de ne pas voir dans votre livre une petite protestation à l’encontre ; c’eût été désagréable au lecteur.

(Il y avait à l’hospice général de Rouen un idiot que l’on appelait Mirabeau, et qui, pour un café, enfilait les femmes mortes sur la table d’amphithéâtre. Je suis fâché que vous n’ayez pu introduire ce petit épisode dans votre livre ; il aurait plu aux dames. Il est vrai que Mirabeau était faible et ne mérite pas tant d’honneur, car un jour il a calé bassement devant une femme guillotinée.)

Je vous écris dans tout l’ahurissement d’une première lecture. Pardonnez-moi mes bêtises si elles sont trop fortes.

Dites-moi un peu comment on prend votre livre ? Par quel côté on l’attaque ? Vous savez combien j’aime vos écritures et vos personnes. Donnez-moi de vos nouvelles et soyez sûrs l’un et l’autre que je vous aime et que je vous embrasse tendrement.

À vous, mes bichons.

J’oubliais de vous parler de la mort de Barnier et du dernier chapitre, qui est un chef-d’œuvre. Cette mèche de cheveux enlevée à la fin, et qu’elle portera sur son cœur, toujours, c’est exquis.


684. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
Rouen, 9 juillet 1861.

Vos lettres, si charmantes et si affectueuses pour moi, m’emplissent de tristesse. Je voudrais