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CORRESPONDANCE

Mme Phipharo[1], qui s’obstine à rester sous les arbres, est un peu enrhumée à cause des feuilles jaunes qui lui tombent sur la tête : elle toussotte, je crains pour sa poitrine. On n’a pas retiré les inscriptions sur papier bleu que tu avais mises au coin des allées, et, quand je me promène après mon déjeuner, je vois la rue Verte sous le figuier et les Champs-Élysées contre le mur du père Defodon[2].

Le père Jean[3] a demandé à Narcisse de lui donner un bouquet de fleurs pour en faire cadeau aux commis de la barrière, afin de s’attirer leur bienveillance. Narcisse, qui déteste l’autorité, a refusé.

Il prétend que Julie[4] lui fait perdre la tête : elle se fait tant servir qu’il en deviendra fou. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’autre jour, pour partir par le bateau à 9 heures, elle l’avait réveillé dès 5 pour lui faire son café au lait et surveiller le passage de la vapeur…

Tu diras à ta bonne maman que dans ma prochaine lettre je lui parlerai du ménage.

Te conduis-tu bien ? es-tu bonne et obéissante ?

Adieu, mon Pauvre Carolo, embrasse bien ta grand’mère pour moi et embrasse-toi toi-même de ma part.

Ton vieux bonhomme d’oncle.

  1. Mme Phipharo, poupée de sa nièce.
  2. Defodon, un voisin.
  3. Le père Jean, conducteur d’une petite voiture qu’on nommait la Gondole et qui faisait le service entre Croisset et Rouen.
  4. La vieille servante de Mme Flaubert qui avait élevé Flaubert et sa sœur.