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DE GUSTAVE FLAUBERT.

elles viennent de Londres ; mais de Jersey ce serait peut-être trop clair. Je te recommande encore une fois de ne pas envoyer de note écrite. Je garde ta lettre pour la montrer à Bouilhet dimanche, si tu le permets. Lis-tu enfin l’Âne d’or ? à la fin de cette semaine je t’écrirai en te donnant la réponse des variantes que tu me soumets pour la Paysanne. Bon courage, pauvre chère muse. Je crois que ma Bovary va aller ; mais je suis gêné par le sens métaphorique qui décidément me domine trop. Je suis dévoré de comparaisons, comme on l’est de poux, et je ne passe mon temps qu’à les écraser ; mes phrases en grouillent. Adieu, je t’embrasse bien tendrement. À toi, mille bons baisers.


361. À LA MÊME.

Entièrement inédite.

Mercredi, 3 heures. [29 décembre 1852.]

Ah ! enfin ! voilà ta Paysanne bonne ; sois-en sûre. J’avais bien raison d’être sévère, j’étais convaincu que tu y arriverais. C’est maintenant irréprochable de dessin et virilement mené. (Je me représente M. de Fontanes, et toi Chateaubriand lors de la confection du discours du père Aubry ; mais nous y arriverons aussi, chère Muse). Il ne me reste plus que quelques critiques de détail et, je t’en conjure, fais-les, ne laisse rien passer ; ce sera une œuvre. Rappelle-toi toujours ce grand mot de Vauvenargues « la correction est le vernis des maîtres ». Mais avant d’aller plus