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CORRESPONDANCE

230. À SA MÈRE.
Paris, lundi, 29 octobre [1849].

Tout est prêt, nous partons. Il fait beau temps ; je suis plutôt gai que triste, plutôt serein que sérieux. Le soleil brille, j’ai le cœur plein d’espoir.

Le dîner d’hier avec Gautier et Bouilhet a été charmant. Ce matin, en lui disant adieu, je n’ai pas été ému comme je le pensais. Ma sensibilité de départ a eu d’ailleurs le fond de son sac vide avec toi, pauvre chérie.

Adieu, chère vieille. Gautier a soutenu hier devant moi cette opinion qui est mienne « qu’il n’y avait que les bourgeois qui crevassent ». C’est-à-dire que, quand on a quelque chose dans le ventre, on ne meurt pas avant d’avoir accouché. Adieu, bon courage, je t’embrasse le plus étroitement possible. À toi.


231. À SA MÈRE.
Lyon, 31 octobre [1849].

Nous arrivons à l’instant. Le temps est très beau, mais froid. Nous allons bien tous les deux et l’humeur est à l’avenant.

Il me semble, pauvre mère, qu’il a dix ans que nous ne nous sommes vus. De Marseille je t’écrirai une lettre plus longue.

Nous partons demain matin à 4 heures. Nous serons à Marseille le soir même, à moins que le