Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
ANCIENNES OBSERVATIONS.

tôt elle est cachée. Maraldi n’ose pas chercher la cause de ces taches polaires et ne prononce ni le mot glaces, ni le mot neiges, ni même le mot nuages. Il sera réservé à William Herschel de définir ce cinquième fait par des mesures précises et de prouver que ce sont là des glaces polaires analogues à celles des pôles terrestres, fondant en été et se reconstituant en hiver.

Nous avançons donc graduellement dans la connaissance de ce monde voisin, Mais un point reste bien mystérieux : c’est la variation d’aspect, d’étendue et même de situation des taches sombres, qui existent bien réellement puisqu’elles servent à déterminer exactement la rotation. Ces quatre nouveaux dessins ne ressemblent encore ni à ceux de 1704 ni à ceux de 1666. Seraient-ce, comme dans Jupiter, des bandes nuageuses de nature purement atmosphérique ? Maraldi le croit. Cependant, nous avons vu plus haut qu’il y a des taches de nature géographique, puisque la mer du Sablier dessinée par Huygens (fig. 9 et 19), Hooke (fig. 15) et Maraldi lui-même (fig. 24 D), existe encore de nos jours. Les mers de Mars donneraient-elles naissance à des brumes sombres ? Les bandes observées en 1704 et en 1719 étaient-elles des bandes nuageuses ? Mais des nuages vus d’en haut, éclairés par le Soleil, peuvent-ils paraître sombres ? En ballon, passant au-dessus d’eux, je les ai toujours vus blancs comme de la neige. Pourtant, il y a certainement sur Jupiter et sur Saturne des bandes nuageuses sombres. Que sont donc ces taches variables de Mars ? La continuation de ces recherches nous éclairera peut-être.

Un mot encore, à propos de ces dessins, plus ou moins vagues. Nous avons Fig. 25.

Ce que deviennent les dessins astronomiques.
pris soin de les reproduire tous par la photogravure et de n’admettre aucune retouche. C’était le point le plus important pour notre étude. Il est urgent de ne consulter que les dessins originaux, car bien souvent, de proche en proche, graduellement, insensiblement, de copie en copie, ils subissent les plus étranges métamorphoses. C’est ainsi, par exemple, que des dessins de Cassini et de Maraldi on a été jusqu’à tirer la fig. 25, que nous reproduisons d’après un ouvrage de Pierquin, Œuvres physiques et géographiques, imprimé fort luxueusement à Paris en 1744.