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INTRODUCTION. VII

[1]La pièce en elle-même est élégante, ingénieuse, sans le feu et l’ardeur de la belle églogue de Virgile intitulée Pollion, mais animée d’une douceur et comme d’une onction pacifique très-sensible et très-sincère. L’expression de mitis y revient souvent et nous donne la note de cet esprit doux par excellence, et qui sut l’être sans fadeur. Le Dauphin, dit-il, n’a dû naître qu’après les guerres terminées et à une heure de paix pour le monde :

. . . . . . . . Sic Fata parabant
Nec decuit mites nasci inter crimina Divos.

Il serait peu raisonnable, sans doute, d’accuser Fléchier de paganisme pour ce Fata et ce Divos. Il le serait tout aussi peu de l’aller accuser de galanterie (dans l’acception fâcheuse) et de licence pour certaines anecdotes des Grands-Jours. Dans l’un et dans l’autre cas, il obéit à un genre admis et à un ton donné.

C’est ainsi que dans sa pièce latine la plus considérable qu’il a consacrée à célébrer le Carrousel royal de 1662, et à décrire les divers groupes de cavaliers qui y figuraient, il n’a eu garde d’oublier ce qui fait le principal attrait des tournois, les dames qui regardent et qui s’y enflamment, et Cupidon dans les airs qui se réjouit :

. . . . . . . Mediis e nubibus ipse Cupido
Dulces insidias furtim meditatur. et artem
Exercet, ludumque suum ; sumptaque pharetra,
Blandis plena dolis et dulci tincta veneno

  1. observation au sujet de la Renommée dont il a fait l’interprète de l’avenir ; car dans la pièce, telle qu’elle est imprimée, il a pris soin de ne nous représenter la déesse que comme se faisant l’écho des premiers bruits répandus et des premières rumeurs du destin ; les oracles transpirent déjà, elle répète ce qu’elle a entendu :

    . . . . . . . Toto tum pectore prona
    Volvit centum oculos, et centum subrigit aures,
    Impatiens strepere, et magnos inquirit in ortus,
    Exploratque aditus fati, primæraque captat
    Auspicia, et velox collecti nuncia veri,
    Quæ didicit, pandit patriis oracula regnis.