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il eût répondu doctoralement, tout comme ses anciens collègues de la Société de biologie, qu’il y a probablement erreur d’appréciation, qu’il n’est pas possible que ce crâne soit d’un nègre, puisque le phénomène serait en contradiction avec les lois de l’anthropologie. Pauvre esprit humain qui s’exalte si vite et oublie si tôt !

Enfin son parti fut pris. Il résolut de démolir l’autorité de cette prétendue loi de l’espèce si puissante dans la pensée des savants. Or, cette loi qui consistait à ne reconnaître la possibilité d’une fécondité indéfinie qu’entre des individus de même espèce, préconisée tout d’abord par Wray[1] et surtout de Candole[2] était particulièrement adoptée par les monogénistes qui en faisaient la pierre de touche de toutes les démonstrations de la théorie unitaire. Pour la renverser, il fallait passer sur leurs cadavres. Broca le sentait bien et il en laisse percer son impatience. « On peut dire hardiment, écrit-il, que si l’unité de l’espèce humaine était assez évidente pour être à l’abri de toute contestation, personne n’eut jamais songé à confondre tous les chiens dans une seule espèce, à faire descendre tous ces types disparates d’un type unique et primordial[3]. » On comprend dès lors que, lutteur intrépide, il ait eu la pensée d’attaquer l’ennemi dans toutes ses positions, et particulièrement dans le retranchement où se trouvaient les plus émérites champions. Au reste, pourquoi ne pas le dire ? Il était doux à l’esprit d’un Broca de s’imaginer d’une autre espèce que ces êtres repoussants qu’il a ainsi décrits :

« La physionomie des nègres (sans parler de leur couleur) est caractérisée par un front étroit et fuyant, un

  1. John Wray, Methodus plantarum nova.
  2. de Candole, Physiologie végétale
  3. Broca, Mém. d’anthr., t. III, p. 344.