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développé d’un seul coup ; il s’est dévoilé peu à peu[1]. »

L’évolution sociale explique donc seule les différences de complexion morale et intellectuelle qui existent entre les diverses portions de l’humanité. Peut être pourrait-on penser que l’organisation physique et interne de certaines races leur constitue une supériorité spéciale, même dans leur marche évolutive ; mais serait-ce raisonnable de s’arrêter à une supposition gratuite, quand la nature des climats et les circonstances historiques rendent suffisamment compte de la promptitude avec laquelle ont évolué ces races privilégiées ? Pour se renfermer dans une seule race et en Europe, toutes les nations blanches se sont-elles montrées également aptes à l’accomplissement de certains progrès, dans la même période historique ? Ne voit-on pas au contraire la plupart de ces nations considérées comme nulles, il y a à peine deux siècles, occuper actuellement des places éminentes ; tandis que d’autres, souverainement influentes au XVIe ou au XVIIe siècles, ont perdu tout leur ancien prestige ?

En étudiant les faits avec toute l’impartialité que comporte l’excellence de la matière, il a été démontré d’ailleurs que la race noire, que l’on a prétendu être la plus inférieure de l’humanité, est douée d’une faculté d’expansion morale et intellectuelle aussi active qu’aucune autre. Doit-on persévérer dans les erreurs du passé, malgré toutes les lumières qui jaillissent de la science moderne pour nous éclairer et nous indiquer la vérité ? L’autorité de quelques savants suffira-t-elle pour consacrer des opinions erronées, qui n’ont duré à travers tant de siècles qu’à l’aide de légendes et de préjugés, que l’on aurait honte d’affirmer dans l’ère de liberté et de progrès qui fleurit actuellement ? Non ! mille fois non !

  1. Th. Ribot, De l’hérédité, p. 390.