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Je dois confesser que je n’ai aucune préférence de simple prédilection pour la doctrine unitaire telle que ses adeptes la soutiennent, que la doctrine polygéniste ne me cause aucune répugnance. Que l’espèce humaine soit une ou multiple, la thèse que je soutiens n’en aura ni plus ni moins de difficultés. Et que m’importe que l’on considère la race noire à laquelle j’appartiens comme une espèce distincte de la blanche, la jaune, la rouge, enfin des seize couleurs ou formes spécifiques déterminées par les fantaisies polygénistes, si je sais que, quelle que soit la distance taxonomique qui la sépare d’elles toutes, elle tient sur le globe une place incontestable et ne le cède à aucune autre sous le rapport de l’intelligence, de la vertu et de la volonté ! Mais l’intelligence que l’on montre en présence de deux causes opposées n’empêche pas d’apprécier les moyens qui sont mis à leur service respectif, ni d’en distinguer la force ou la justesse.

Revenons à la question posée plus haut : y a-t-il une seule espèce humaine ou y en a-t-il plusieurs ? « L’importance du problème n’est pas petite, dit M. Georges Pouchet ; c’est assurément l’une des plus grandes questions qui puisse agiter la science, plus grande peut-être que celle qui s’éleva au temps de Galilée, quand il fut question de renverser des idées vieilles comme le monde et appuyées sur un témoignage dont il n’était pas permis de douter. Il s’agit presque d’un dogme et non d’un fait accessoire. La science se heurte ici avec la religion, comme autrefois en astronomie, et nulle part le choc n’est plus violent, nulle part les conséquences n’en peuvent être aussi grandes[1]. »

Jamais exorde ne fut mieux débité. Devant cette solennité dont s’entoure le remarquable athlète qui se présente sur

  1. Georges Pouchet, De la pluralité des races humaines, p. 3.