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entière. De même travaille l’enfant noir. Mais arrive la période de la puberté ! Le père de famille européen, qui a suivi avec une délicate et prévoyante attention les tendances d’esprit de son enfant, lui indique enfin une carrière, un point sur lequel il doit constamment se diriger, un but à atteindre. Alors commence cet apostolat supérieur que chaque père digne de ce nom entreprend, pour créer en son fils un être doué de toutes les vertus, ayant tous les mérites. Dans sa noble ambition, il désire pour son enfant tous les succès et toutes les gloires. L’éducation morale ainsi faite, forte et pleine de sollicitude, finit toujours par produire son fruit. Aussi le jeune blanc, enflammé du désir de plaire et surtout de affirmer, en prouvant son mérite personnel, embrassera-t-il fièrement sa vocation ; peut-être fera-t-il des prodiges.

Tout autre est la position de l’enfant noir. Quand il est assez heureux pour continuer la lutte intellectuelle jusqu’aux abords de la puberté ; quand il a déjà obtenu les résultats les plus brillants, c’est alors qu’on l’arrête, en lui laissant entendre, que pour sa race, il est assez avancé. En effet, il est temps de tourner son activité vers le monde physique et matériel, ou il est condamné à glaner, afin de gagner sa vie à la sueur de son front ; car toutes les carrières libérales lui sont à jamais fermées !

Les choses ne se passent-elles pas ainsi, toutes les fois que l’Éthiopien n’est pas encore reçu et accepté à l’égal de l’Européen ? Supposons que non, supposons qu’on ne l’arrête pas dans ses travaux intellectuels. Mais il y a une autre influence paralysante qui frappe le noir dans le fond même de son être et qui résulte encore de la théorie de l’inégalité des races. On peut le laisser continuer ses études ; cependant ses progrès sont une cause d’irritation pour ses rivaux blancs. Ils sont convaincus que la nature les a doués de qualités supérieures ; donc toutes les fois qu’ils se