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fîcation est forcément systématique, c’est-à-dire qu’elle se modèle plus ou moins sur une doctrine scientifique qui lui sert de régulatrice. Quels que soient les perfectionnements qu’on y apporte, les classifications seront donc toujours exposées à fluctuer sans cesse, et corrélativement aux évolutions de la science. Énoncer cette vérité, c’est dire qu’un examen sérieux ne laisse rien d’absolument solide dans les divers essais qu’on a tentés, dans le but de fixer un ordre rationnel et constant dans le groupement des êtres dont l’étude fait l’objet de l’histoire naturelle.

Lorsque Linné eut écrit sa phrase typique : Mineralia crescunt, vegetalia crescunt et vivunt, animalia crescunt, vivunt sentiunt, il pensait renfermer dans une formule admirable le dernier mot de la classification de tous les corps naturels, suivant un ordre hiérarchique allant du simple au composé, de la pierre brute à l’animal orga- nisé. Qui pourrait croire alors qu’une si belle conception pût un jour être attaquée et ruinée ? Qui pourrait croire que les grandes lignes parallèles, si savamment tracées entre les trois règnes, dussent s’entremêler pour n’en former que deux et se toucher ensuite dans un agencement tel, que, se trouvant bout à bout, chacune devient le développement de l’autre, sans aucune solution de continuité ? Cependant les mêmes corps ont été plus tard divisés en organiques et inorganiques : les uns, comprenant les animaux et les végétaux, augmentent de volume par intussusception ; les autres, comprenant les minéraux seuls, augmentent de volume par juxtaposition. Cette première évolution fut inspirée par les recherches des physiologistes, étudiant les lois du développement dans le règne animal et le règne végétal, si essentiellement différentes du mode d’accroissement propre aux minéraux.

Plus tard, des études supérieures dans la chimie analy-