Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/559

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils ont trouvé dans leurs cœurs toutes les sublimes inspirations que transmettent à l’esprit de l’homme les grandes actions sur lesquelles il médite. Aussi est-il inutile de remémorer ces scènes magnifiques, imposantes, où d’une masse d’esclaves courbés sous la plus odieuse oppression sortit, comme les légions de Pompée, une armée compacte et solide, composée d’hommes infatigables, de lutteurs invincibles, toujours prêts à voler à la victoire ! Jamais dans une foule ainsi humiliée on n’avait trouvé d’aussi beaux élans. L’histoire de l’indépendance d’Haïti, la plus émouvante, la plus dramatique que l’on connaisse, est pleine de faits de toutes sortes, prouvant jusqu’à l’évidence que la race noire a reçu de la nature les meilleures et les plus belles dispositions. Il a fallu aux fils de l’Afrique une perspicacité, une adresse inimaginables, pour tirer de leur situation précaire tant de merveilleuses ressources. Leurs combinaisons toujours efficaces changeaient avec les circonstances, suivant les péripéties de la lutte, et s’y adaptaient si bien que tous les accidents tournaient à leur avantage. Prompts à s’assimiler toutes les connaissances, toutes les aptitudes pratiques, on les a vus déployer, tant dans les batailles rangées que dans les combats de siège, à l’attaque ou à la défense, toutes les qualités que peuvent joindre à la science stratégique l’art de la castramétation et le génie militaire le mieux cultivé ! Ils savaient profiter des retranchements naturels, comme au besoin ils retranchaient leurs camps avec une habileté consommée.

La seule défense de la Crête-à-Pierrot par Dessalines, fil suivie de la belle retraite de Lamartinière, suffirait pour immortaliser une armée.

L’histoire conservera surtout la mémoire immortelle du vaillant capitaine qui se distingua si brillamment dans les superbes attaques de Vertières et de Belair, à l’entrée de la ville du Cap. Oui, Capoix, le brave Capoix, était