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égoïste qui prédominait chez l’homme dans les époques de barbarie, l’esclavage a succédé à un état de choses pire : l’immolation sans pitié des vaincus. Avant même que les peuples de races différentes se fussent rencontrés en compétition sanglante, les voisins les plus proches avaient commencé à guerroyer les uns contre les autres. Aussi la pratique de l’esclavage a-t-elle pris naissance entre les hommes de la même origine ethnique. En remontant au temps de la civilisation patriarcale, on trouve toute la famille constituée comme une troupe d’esclaves dont le père disposait à son gré, ayant sur tous les membres le droit d’user et d’abuser : droit de vente, droit de vie ou de mort.

L’esclavage se perpétuant, malgré le développement de l’organisme social dont la principale tendance est de donner à chacun une plus grande somme de liberté, est devenu peu à peu une institution intolérable et justement réprouvée. Cependant les peuples de la race blanche l’ont subi dans toute sa rigueur, avec une résignation qui dénoterait l’absence de tout sentiment de liberté et de dignité humaine, si la suite des temps n’avait pas amené un changement radical dans leur sort. Les Hilotes si maltraités et si méprisés par les Lacédémoniens n’étaient-ils pas de race blanche ? Toutes les catégories d’esclaves qui servaient de marchepied au citoyen romain, n’étaient-ils pas de la race caucasique ? Les fils d’Israël, le peuple élu de Dieu, n’ont-il pas constamment vécu sous le joug de l’esclavage ? Il faut aussi remarquer que l’Israëlite est assujetti tantôt par les uns, tantôt par les autres. « Le peuple hébreu, dit M. Pompeyo Gener, est le peuple esclave par excellence. Opprimé aujourd’hui par un Pharaon, il le sera demain par un Nabuchodonosor. En Égypte, c’est sous le fouet d’un Éthiopien qu’il édifie les pyramides[1]… »

  1. Pompeyo Gener, La mort et le diable, p. 72.