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de M. Dulciné Jean-Louis, noir aussi, son collaborateur et son émule respectueux. M. Jean-Louis, dans la rédaction du journal « L’Indépendance », a fait preuve du plus grand mérite ; mais son plus beau titre est la production d’une œuvre dont l’utilité est infiniment considérable pour son pays. La Bibliothèque de l’agriculteur haïtien, écrite en plusieurs volumes in-12, est un traité d’agronomie pratique où tous ceux qui s’occupent du travail agricole, en Haïti, trouveront les renseignements techniques les plus profitables. Le style en est clair, correct et précis. En se rappelant combien peu les hommes qui se dédient à la politique pensent à ces questions spéciales, encore qu’elles soient d’une importance capitale, on ne peut assez admirer la belle et consciencieuse publication de M. Jean-Louis.

Mais combien d’autres noirs ne pourrait-on pas nommer, si cette revue ne s’allongeait pas outre mesure ! Il faudrait encore citer MM. Augustin Guillaume et Arteaud, deux hommes d’une instruction solide et d’un esprit fort bien cultivé. Ils sont au nombre de ces pionniers de l’avenir qui doivent montrer la voie du progrès à la génération qui grandit. Ceux qui, comme eux, ont des talents remarquables et des facultés intellectuelles supérieurement développées, ne seront jamais trop nombreux parmi la jeunesse haïtienne.

Aussi, combien ne faut-il pas regretter la mort de Berthaud, avocat intelligent, tribun éloquent, tombé si jeune dans nos discordes civiles, gouffre où disparaissent tant d’Haïtiens, tous pleins d’avenir ! Berthaud, esprit ouvert, amant passionné du juste et du beau, promettait de devenir une des gloires de la race noire, si, échappant à une cruelle destinée, il ne se fût pas éteint, hélas ! comme Brutus à Philippe, dans l’horreur du doute et du désespoir.