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deuxième partie où il s’agit des « œuvres » de Ducas-Hippolyte ! Là, M. Marcelin, bien inspiré par son sujet, a eu des touches heureuses ; bien souvent le lecteur, se transformant par la magie de l’écrivain, croit avoir vécu, lui aussi, dans l’intimité de ce jeune poète qui avait à un si haut point le don de se faire non-seulement admirer, mais aimer d’un attachement que n’a pu vaincre la mort, après un intervalle de dix ans.

« Devenu le critique de son ami qui n’est plus, M. Marcelin, animé par le désir d’immortaliser un nom cher à son cœur, a déployé un tact, une adresse admirable pour mettre en relief les qualités indiscutables dont était doué le jeune barde haïtien. Ici, le dévouement a servi l’art et l’a rehaussé de tout l’éclat que le sentiment donne à la pensée. À ce point de vue, M. Marcelin a plus que réussi, et c’était pour il lui l’essentiel ; car quoi qu’on dise des caprices de l’art, l’écrivain a un but vers lequel il tend par-dessus tout ; tous ses efforts ne se réunissent que pour produire certains effets arrêtés dans son esprit. Il s’agissait ici de faire partager son admiration et personne, après avoir lu son volume, ne peut rester indifférent au souvenir de Ducas-Hippolyte. Nous n’avons donc qu’à l’applaudir.

« Néanmoins, en ce moment ou la lutte, si ardente dans le pays, semble ne s’effectuer que dans le monde des idées, il n’est pas inutile que l’on cherche à voir quelles étaient les inclinations politiques de Ducas-Hippolyte. Cela est d’autant plus exigible que M. Marcelin présente le poète comme un type achevé de patriote éclairé, sincère et dévoué, voyant au-dessus des plus chères affections l’avancement du pays pour lequel il était prêt à toutes sortes de sacrifices.

« Ducas-Hippolyte, à la fin du règne de Geffrard est un libéral convaincu ; dans son enthousiasme pour la liberté et le progrès, il était arrivé à vouer un culte à tous les