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Sans doute, on rencontre dans l’Inde une langue d’une perfection admirable, au dire de tous les philologues qui ont étudié à fond le sanscrit. La littérature indienne, sans avoir produit des œuvres ou se trouve l’idéal du beau littéraire que nous offrent souvent les auteurs grecs et latins, a pourtant toute une série de créations fort attrayantes ; elle a des poésies qui manquent peut-être de sobriété, mais dont la fraîcheur, la simplicité et la jeunesse d’esprit ont un charme pénétrant, plus doux que la poésie même d’Homère. D’autre part, les idées spéculatives y avaient régné avec un tel éclat qu’aucune nation européenne, sans même excepter l’Allemagne, n’en donne une idée. Si l’Égypte, par son architecture, sa sculpture et son industrie, a conservé les traces ineffaçables de son antique civilisation, en ne laissant au monde caucasique que la tâche d’en perfectionner une partie sans pouvoir imiter le reste, l’Inde pour n’avoir eu ni architecture ni sculpture très remarquables, a édifié des monuments tout aussi impérissables dans ses conceptions philosophiques et son esprit de réglementation porté si loin, dans le Manava-Dharma-Sastra codifie par Manou. Aussi comprend-on bien l’inclination des premiers savants indianistes à rattacher à la race blanche le peuple qui a pu parvenir, depuis tant de siècles, à un si grand développement intellectuel !

Ce qui a été le plus admiré dans la conception brahmanique, ce fut surtout cette création des castes, où tout semblait tourner en des cercles fermés, promettant une harmonie éternelle, un ordre symétrique dans lequel la confusion du sang et du rang ne se signalât jamais. Belle conception, vraiment, que celle où les distinctions sociales ne reposaient que sur la caste, c’est-à-dire sur la couleur (varna) ! On ne douta pas que le blanc ne fût le couronnement naturel de cet échafaudage hiérarchique, sous lequel