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généralement à l’origine nigritique des Rétous[1]. Malgré les assertions contraires de la plupart des écrivains modernes, dont pas un ne s’est donné la peine d’étudier profondément la question, ne semble-t-il pas que chaque progrès de l’archéologie égyptienne nous ramène invinciblement à la tradition grecque, la seule rationnelle ? Il faut donc se résoudre à rompre avec les enseignements des anthropologistes prévenus et des savants fantaisistes qui ont si longtemps prêché l’erreur contre la vérité. Il faut cesser de répéter avec tant d’illogique complaisance que les anciens fils du soleil, les adorateurs d’Amon, étaient des blancs, quand tous les faits historiques, et toutes les données ethnologiques nous indiquent l’absurdité d’une telle opinion. On devra plutôt admettre avec le docteur Samuel Birch, le plus savant égyptologue que l’Angleterre ait eu, que « le peuple égyptien est issu d’une race africaine qui s’est développée par des circonstances inconnues pour atteindre au plus haut degré auquel soit jamais parvenue la civilisation de l’ancien monde[2]. »

Mais pour résumer cette longue dissertation sur l’origine des anciens Égyptiens et leur communauté de race avec les autres peuples de l’Afrique, je ne puis mieux faire que de citer les belles et éloquentes paroles de M. Élisée Reclus.

« L’orgueil de race, duquel les historiens ne se défient pas assez, dit l’éminent géographe, a donné naissance à ce préjugé très répandu, que les Africains n’ont eu, pour ainsi dire, aucune part dans l’œuvre générale de la civilisation.

  1. Eustathius de Constantinople, dans ses Commentaires sur l’Odyssée, et à propos de ces mots : ϰαὶ Αἰγυπτὶους επαλητέις (Δ, vers 83), assure qu’on employait la locution αἰγυπτιάσαι τὴν ϰροάν, pour signifier être brûlé par le soleil, « c’est-à-dire devenir noir, brunir. »
  2. Voir : Compte-rendu du Congrès international des Orientalistes, 1re session. Paris, 1873, tome II, p. 61.