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et quel rang occupaient-ils dans la liste des nations ? « À peu près au temps où naissait Moïse, dit M. Beauregard, quand Cécrops le Saïte, fondait Athènes, que Deucalion régnait en Lycorie, environ huit cents ans avant la fondation de Rome, plus de mille ans avant que les Phocéens construisissent Marseille, près de six ans avant qu’une colonie de Phéniciens donnât naissance à Gades (Cadix), le peuple de la vallée du Nil, déjà policé par les bienfaits d’une civilisation de quarante siècles, jouissait des avantages d’une industrie fort avancée et satisfaisant d’ailleurs à toutes les exigences de la vie en commun chez ce peuple désormais éveillé aux délicatesses d’une sociabilité raffinée. À cette époque, tous les arts de la paix lui étaient en effet familiers, et depuis longtemps il avait fait éprouver à ses voisins de l’Asie et de l’Afrique la puissance de ses armes. Mais nous (les Européens) ne lui étions connus que comme des êtres sauvages, tatoués et vêtus de peaux de bêtes.

« Nous étions à cette époque là pour les Égyptiens ce que sont pour nous aujourd’hui les naturels de la Nouvelle-Calédonie.[1] »

Eh bien, si on parvenait à prouver, avec le progrès des connaissances historiques, que ce peuple Égyptien n’était pas de race blanche comme l’esprit de système et un orgueil rétrospectif l’ont continuellement affirmé, depuis que les études égyptologiques ont fait voir quelle importance a eue cette nation antique, que pourra-t-on, alléguer pour sauver la doctrine de l’inégalité des races ? Aucun argument. Anthropologistes et savants de l’école inégalitaire l’ont si bien senti que toutes les subtilités imaginables ont été mises en jeu, toutes les arguties ont été érigées en raisons convaincantes, toutes les divagations érudites ont été acceptées comme de sérieuses probabilités, afin de faire

  1. Ollivier Beauregard, Les divinités égyptiennes, p. 46-47.