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Les expressions du comte de Gobineau sont fortes, calomnieuses et exagérées, cependant je les ai froidement transcrites, pensant que dans l’exagération même du dénigrement, il y a encore une leçon à tirer… Bien des gens en Haïti doivent en ignorer l’existence ; d’autres qui les ont lues semblent les avoir trop prises à la lettre. De là est sortie la Gérontocratie. J’ai positivement dit que l’analyse des ouvrages de M. Edmond Paul serait ici déplacée. Qu’il me suffise de citer la réfutation qu’il a faite en quelques lignes de toutes les idées de M. de Gobineau ou de ses adeptes, encore que le nom de cet auteur n’y figure nullement.

« Il n’est pas rare, dit M. Paul, de rencontrer des gens qui demandent qu’Haïti ne soit qu’un simple comptoir de commerce : les Haïtiens seraient travaillant dans les plaines, dans les mornes, et le commerce se ferait, dans les villes, avec nos intermédiaires obligés. Oh ! ceux-là professent une profonde vénération pour l’agriculture… Et ceux-là oublient que nous avons aussi pour mission de former une « cité » jaune noire avec ses arts, ses sciences, ses vertus, où règne l’esprit[1]. »

Plus tard, le courageux publiciste a publié le Salut de la société, où la même élévation d’idées, la même inflexible logique et le même esprit de justice prédominent. Durant son exil de 1874 à 1876, M. Edmond Paul écrivit un nouvel ouvrage d’économie politique, où il traita la question si importante de l’Impôt sur le café en Haïti. Avec une suite admirable dans ses idées, c’est toujours au point de vue du relèvement moral des populations noires de la plaine, qu’il considère les faits ; et toutes ces conclusions tendent à demander que le producteur du café, le cultivateur des

  1. Les mots sont écrits textuellement en note à la page 12 de l’Éducat. industr. du peuple, etc. Les soulignements sont de l’auteur même.