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était déjà un virtuose de premier ordre, il a laissé des compositions superbes. Elles seront sûrement recueillies et publiées, le jour où Haïti aura compris la nécessité qu’il y a de réunir tout ce que ses enfants ont produit, tant dans les arts que dans les sciences, les lettres et l’industrie, afin de prouver au monde entier toutes les belles aptitudes dont les descendants de l’Africain peuvent faire preuve, quand ils jouissent de la liberté et se désaltèrent, comme les autres peuples civilisés, aux sources vivifiantes de la science.

Il y a encore un jeune haïtien de la plus belle intelligence, griffe brun comme les précédents. C’est M. Emmanuel Chancy. Travailleur modeste, mais infatigable, il vient d’augmenter la liste des écrivains que compte notre jeune République, en publiant un ouvrage très sérieux sur « l’Indépendance d’Haïti ». C’est une œuvre de critique historique délicate et savante. Nous pensons bien qu’il ne s’arrêtera pas en si beau chemin ; car ces sortes de travaux sont d’une nécessité capitale pour la parfaite intelligence de notre histoire nationale.


Certes, voilà bien des noms cités. Tant d’exemples n’enlèvent-ils pas aux négateurs incorrigibles le droit de continuer à douter des aptitudes morales et intellectuelles du produit que donne le croisement du mulâtre et du noir ? Il faut pourtant nommer encore un autre griffe haïtien de la plus puissante individualité, dont les talents et le caractère le feraient distinguer dans n’importe quelle nation où il pourrait naître. Je veux parler de M. Edmond Paul.

Cet homme vraiment considérable a fait ses études à Paris, de même que la plupart des Haïtiens aisés. Mais un trait particulier et fort remarquable en lui, c’est qu’il n’a jamais eu une préoccupation plus constante que celle de contribuer à la glorification et au relèvement de la race noire dont il est sorti. Dans son apostolat précoce, au lieu