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II.

de la beauté dans les races humaines

Quoique nous ayons vu plus haut que, dans une étude destinée à rechercher si les races humaines sont égales ou inégales, la beauté corporelle est un élément parfaitement négligeable, il n’est pas tout à fait inutile de jeter un regard sur ce chapitre, afin de voir jusqu’à quel point on peut rationnellement dire qu’une race est plus belle qu’une autre. Dans l’appréciation des qualités purement esthétiques d’un objet ou d’un être, il y a toujours une portion d’arbitraire qui obscurcit le jugement et rive l’esprit à un parti pris d’autant plus téméraire et obstiné qu’on ne s’en aperçoit même pas. Ce fait a été si généralement observé qu’il en est sorti un adage bien connu par lequel prend ordinairement fin toute discussion sur la beauté ou la laideur. De gustibus et coloribus, non disputandum.

Cependant, malgré la latitude qui est ainsi laissée à chaque individu sur l’appréciation des qualités constitutives du beau, il y a dans les figures certains effets d’harmonie ou de discordance qui frappent du premier coup notre attention. Ces effets déterminent en nous un mouvement de sympathie ou de répulsion de l’âme, et dénoncent spontanément le sentiment esthétique, sans même accorder à notre esprit le temps de réfléchir. Ce mouvement spontané qui est, pour ainsi dire, inhérent à la nature humaine et qui se découvre même parmi les animaux intelligents dont une longue domesticité a perfectionné le sens intime, ne semble-t-il pas poser une certaine limite à la liberté du jugement individuel, ou plutôt, ne tend-il pas à converger toutes les impressions personnelles vers un idéal commun, par le déterminisme propre à notre conformation nerveuse ? Je le croirais vo-